Je bois du café en capsules, je me shoote à coups de granules, je vis ma vie dans du papier-bulle. Je roule une bosse symétrique où midi sépare la poutine, telle une raie habilement tracée au peigne en plastique métallisé.
Ma vie est une rosette organisée, un tourbillon amassé, un long cheveu torsadé dans un bol de thé pas sucré.
Et je pense à lui quand je mange du caramel. Parce que sa peau. Et je souris de lui quand je vois des pommes et qu’elles sont vertes. Parce qu’il les aime.
Et quand je me vois moi, je ne pense pas.
Quand je vois une moustache, quand j’ai des spasmes juste avant le dodo, quand ma chanson préférée murmure, quand je sens l’odeur du gin. Ou quand je marche en pointant dans mes pieds de bas. Je ne pense à rien.
J’aspire à valoir la peine par d’autres chemins que le mien. L’étincelle dans mes yeux ne vaudra jamais mon reflet dans les siens, mon corps ne sera jamais aussi chaud que sous ses mains, mon sexe, jamais aussi beau qu’en son sein.
Mais est-ce que quelqu’un, quelque part, pense à moi quand il marche sur la pointe des pieds?